Nous accueillons en cette fin avril, Marc Pihet, l’occasion de faire plus amples connaissances avec l’homme et son travail de photographe nature.

 

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour, je m’appelle Marc Pihet, je suis né il y a bientôt 42 ans dans le Nord. Pour des raisons professionnelles, je suis venu m’installer en 2003 en Anjou, où j’exerce le métier de biologiste, spécialisé en parasitologie et mycologie médicales. Passionné de « sciences naturelles », je consacre l’essentiel de mon temps libre à la photo de nature : macrophotographie, photo animalière et paysage.

La photo, c’est : un hobby, une passion ou un métier ?

La photographie, au départ simple loisir, est assez vite devenue une passion chronophage ! Une passion vécue en solitaire le plus souvent, lors de mes sorties sur le terrain ou devant l’écran de l’ordinateur, mais que je suis par ailleurs très heureux de pouvoir partager en famille ou avec d’autres photographes, à l’occasion de voyages ou de festivals.

 

Quelles ont été les étapes importantes dans ton apprentissage de la photographie ?

J’avais beaucoup aimé jouer avec les réglages du Minolta X-300s (accompagné des zooms 28-80 et 80-200) offert pour mes 17 ans, mais l’achat d’un réflex numérique – le vénérable 350D, premier boîtier « abordable » – fut une véritable révélation… La naissance de mon second fils, ainsi que l’envie de m’essayer à la macrophotographie, m’ont poussé à franchir le pas. L’objectif macro a alors avantageusement remplacé les épingles de la collection de papillons et autres insectes de mon enfance !

En autodidacte, j’ai lu avec assiduité de nombreux articles de magazines (Chasseur d’images, Nat’images, Compétences photo, Réponses photo…) et ai pas mal fréquenté les forums spécialisés comme Benelux (www.beneluxnaturephoto.net). J’y ai beaucoup appris, tant sur le plan de la technique qu’en termes de cadrage et de composition. J’ai également fait partie quelque temps d’un club photo. Plusieurs stages, ainsi que des rencontres avec des photographes naturalistes, ont ensuite renforcé cette passion grandissante pour l’image de nature. J’ai commencé alors à fréquenter davantage les expositions ; le festival « Festimages » de Laval en 2009 m’a « mis le pied à l’étrier » en me faisant découvrir les tirages grand format sur papier « fine-art ». L’envie de partager mes photos m’a peu à peu amené à participer à quelques concours, puis à collaborer avec des agences photographiques comme Naturimages ou Biosphoto. J’ai pu me confronter au public pour la première fois en 2013, en exposant des portraits d’oiseaux au festival « Images et Faune sauvage » de Juigné-sur-Loire.

Auteur-photographe depuis 2012, j’aime explorer de nombreux domaines, de l’hyper-macrophotographie au reportage en passant par le studio et le paysage. Ces allers-retours entre connaissances naturalistes et techniques photographiques sont très enrichissants. J’aime voyager, mais la plupart de mes images ne sont réalisées qu’à quelques kilomètres de chez moi. J’ai ainsi rejoint en 2014 le collectif photographique « Meet Your Neighbours », dont l’objectif est de mettre en valeur la biodiversité de proximité à travers des images minimalistes sur fond blanc.

 

Qui sont les photographes qui t’inspirent ?

Bien sûr, en premier, me viennent à l’esprit de grands noms de la photo animalière, comme Nick Brandt et son travail en noir et blanc sur la faune africaine, ou Vincent Munier et ses images épurées, pour n’en citer que deux parmi les plus célèbres… Je suis fan aussi des images de photographes moins connus mais très talentueux, comme Bastien Riu, Jonathan Lhoir, Nicolas Orillard-Demaire, Michel d’Oultremont, Olivier Seydoux… Dans un autre registre, j’apprécie aussi beaucoup le travail de photojournalistes comme Steve Simon ou encore de photographes de mariage comme Emmanuel Bergère ou Michel Yuryev. J’en ai certainement oublié plein, impossible de tous les citer !

 

Quand as-tu commencé à t’intéresser à la photographie ?

J’ai commencé à m’intéresser aux règles de base de la photographie à 17 ans, suite à l’achat d’un reflex en vue d’un voyage au Burkina-Faso. Mais ce n’est qu’en 2006, avec la démocratisation du numérique, que je m’y suis mis sérieusement. Les soirées et les week-ends sont maintenant réservés aux sorties dans la nature, à l’editing des images ou à la lecture de la presse spécialisée ou de livres photo. Les étagères de mes bibliothèques commencent d’ailleurs à déborder !

 

As-tu un souvenir d’une photographie que tu souhaites partager avec nous ?

C’est un choix toujours difficile ! Certaines photos ont une valeur sentimentale, d’autres ont remporté un prix, ou bien sont associées à des anecdotes… Mais la série qui me tient le plus à cœur est certainement celle sur de minuscules araignées sauteuses (communément appelées « saltiques »), réalisée en 2013. Les supports « naturels » (papier-peint, rideaux, meubles…) sur lesquels je croisais ces araignées dans la maison n’étaient pas très esthétiques.

J’avais donc pris le parti de les photographier sur des fleurs du jardin : iris, roses, pavots, cistes,… Dans leur milieu naturel, il est assez rare de rencontrer les saltiques sur des fleurs, mais au-delà de l’aspect naturaliste, j’avais cherché ici à mettre en valeur ces petits « monstres poilus » méconnus du grand public. Pari gagné, puisque dans les expositions où je les ai présentées, bon nombre de personnes m’ont avoué être réconciliées avec les araignées ! Mais il faut avouer que les saltiques sont plutôt mignonnes, avec leur bouille de nounours… Ces « squatteuses » m’ont ouvert les portes de Montier-en-Der en 2015, je leur en suis très reconnaissant !

 

Travailles-tu uniquement en numérique ou aussi en argentique ? Peux-tu nous parler de ton matériel ?

J’ai fait mes premiers pas en argentique avec un reflex sans autofocus, mais je ne pourrais plus faire marche arrière maintenant ! Je pense que c’est vraiment l’avènement du numérique qui m’a permis de progresser, en apprenant rapidement de mes erreurs. En disposant tout de suite du résultat des photographies, on peut voir immédiatement, sur l’écran de l’appareil ou via les données EXIF, là où on s’est planté ! On n’a plus peur de s’exercer régulièrement, d’essayer différents réglages, cela permet d’oser et d’être plus créatif.

J’utilise actuellement un 5D mark III accompagné d’une batterie d’objectifs, du fisheye 16mm au téléobjectif de 500mm en passant par l’objectif très spécialisé MP-E 65mm. Plus évidemment trépieds, flashes cobras, filtres et de nombreux autres « accessoires » indispensables… Etant un peu touche-à-tout, j’avoue que j’ai parfois un peu de mal à rationaliser mon équipement ! On a quelquefois tendance à compenser l’absence d’inspiration par une inflation de matériel. Les objectifs que j’utilise le plus en photo nature sont le 100 f /2.8 macro, le 300 f/4 et le 17-40 f/4. J’ai un petit faible aussi pour les focales fixes lumineuses…

Mais au-delà du matos lui-même, il est important de rappeler que la photo de nature (surtout la photo animalière) requiert un minimum de connaissances naturalistes avant de se lancer sur le terrain.

 

As-tu des projets ou des idées pour 2017 / 2018 ?

Je continue à réaliser des images sur fond blanc en mini-studio dans le cadre du projet « Meet Your Neighbours » ; j’espère pouvoir exposer cette série dans d’autres festivals, après « Festimages » en 2016 et le « Festival de l’oiseau et de la nature » où j’étais la semaine dernière. Ces rencontres avec un public passionné ou avec d’autres photographes sont des moments de partage vraiment intenses !

Mais j’ai également envie de continuer à m’aventurer dans d’autres domaines. Suite à mes récents voyages en Irlande, Ecosse et Islande, j’ai pris beaucoup de plaisir à faire du paysage… la Gaspésie est au programme de cet été.

 

Le mot de la fin

D’abord, merci beaucoup pour votre invitation, j’en suis très flatté ! Je terminerai en citant cette phrase d’Henri Cartier-Bresson :  Vos 10 000 premières photos seront les pires ». En photographie comme dans de nombreux autres domaines, sauf à posséder un talent inné, je pense que le travail et la patience finissent toujours par être récompensés… même si un zeste de chance fera parfois la différence entre une bonne et une très bonne photo !

 

Tes liens internet

Mon site web : marcpihet.com

Facebook : marcpihet.photographies

 

Merci à Marc de nous avoir accordé de son temps pour cet interview !

Marc Pihet