En ce début d’année, nous avons le plaisir de recevoir Christine Tourneux, photographe, découvrez son interview.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Christine, je suis née à Angers. J’ai l’âge de mes passions et c’est souvent dans le cœur quelles naissent. Je suis une gourmande végétarienne qui a un goût prononcé pour les voyages… et surtout pour l’Inde.

La photo c’est : un hobby, une passion ou un métier ?

C’est une passion et c’est devenu mon métier. Plus jeune, j’ai expérimenté la danse, le dessin, la peinture… et la photo est arrivé tout naturellement. C’est un moyen d’expression extraordinaire. J’étais plutôt timide et se cacher derrière l’appareil photographique pour aller à la rencontre de l’autre m’a aidé à vaincre ma timidité. Je me suis inscrite dans un club photo pendant quelques années. Ensuite, j’ai réalisé quelques stages pour découvrir les différents métiers qu’offre la photo. Je me suis installée à Paris pour intégrer une école de photographie et de journalisme et c’est grâce à une rencontre avec une costumière en 1997 que j’ai réalisé mon premier contrat professionnel.

 

Quelles ont été les étapes importantes dans ton apprentissage de la photographie ?

La rencontre avec le photoreporter Guy Le Querrec de l’agence Magnun a été déterminante. C’était à l’occasion d’un stage à Trélazé et j’habitais non loin du site minier. Mon frère y travaillait, jusqu’à son licenciement en 1993. A l’époque, je caressais l’idée d’être photographe et de raconter l’histoire de ces hommes en images. Mon rêve est devenu réalité, je suis descendu au fond la première fois en 1998 et le reportage s’est terminé un an plus tard. Il a été présenté au festival du Scoop et du Journalisme d’Angers sur les conseils de Patrick Frilet. Il a reçu le prix « jeune reporter » en 1999 et le livre « Voyage sous terre avec les hommes de l’ardoise » est sorti en 2002.

La thématique des femmes est arrivée lors de ma formation de photojournaliste. A l’occasion de mon stage au Sirpa Terre, j’ai pu concrétiser ce vœu. J’ai suivi des femmes militaires en stage d’entraînement commando à Collioure et Montlouis puis en Laponie. Ensuite, je suis partie pour un tour de France des femmes dans le bâtiment pour la FFB. J’ai découvert l’Inde et les conditions de vie des femmes indiennes au travers d’une petite ONG. J’y suis retournée pour réaliser un reportage sur des femmes victimes de l’acide.

Mon apprentissage de la photographie culinaire a commencé pendant ma formation à l’école photo EFET à Paris. J’appréciais les cours de graphisme et la mise en pratique en studio. Lors de thématiques que nous devions réaliser tout au long de l’année, je me souviens d’une prise de vue évoquant le soir au travers d’un apéro. A l’époque, les photos se faisaient à la chambre photographique. Mon intérêt pour la photo culinaire est certainement né de cette expérience. Ma gourmandise m’a amené à rencontrer un cuisinier en 2004 et l’aventure culinaire a commencé avec un livre sur les confréries gastronomiques et vineuses puis Le Maine et Loire en 365 recettes. La photographie culinaire est très créative, j’aime dénicher des contenants, composer avec leurs formes, leurs couleurs sans oublier la lumière qui permet d’éveiller les papilles.

© Christine Tourneux

 

Qui sont les photographes qui t’inspirent ?

Magaret Bourke White sans hésitation. J’allais consulter ses photos à la Bibliothèque de la Maison Européen de la Photo à Paris. Elle a réalisé la dernière photo du Mahatma Gandhi avant son assassinat. Henri-Cartier Bresson, Sebastiao Sagaldo, William Eugene Smith et bien d’autres ont été des mentors et des sources d’inspiration. Il y a aussi Edward Weston, précurseur de la photographie « culinaire » !

 

Quand as-tu commencé à t’intéresser à la photographie ?

Dans mon enfance, la pratique de la danse classique m’a accompagné jusqu’à l’adolescence, le rêve d’être danseuse s’est évanouie mais plus tard j’ai pu photographier des danseuses. A travers la photographie, on raconte des histoires à partir de notre propre histoire.

 

As-tu un souvenir d’une photographie que tu souhaites partager avec nous ?

Des souvenirs, il y en a plusieurs néanmoins, j’ai choisi une des photos du fond aux Ardoisières. Le reportage que j’ai réalisé est intimement lié à mon frère aujourd’hui disparu.

 

© Christine Tourneux

 

Travailles-tu uniquement en numérique ou aussi en argentique ? Peux-tu nous parler de ton matériel ?

A mes débuts, j’ai appris avec l’argentique et j’ai acheté un Pentax puis en 2004, j’ai eu mon premier boitier numérique. J’ai investi dans des zooms 24/70 f2.8, 70/200 f.2.8 et un 10/22 f.3,5 Canon. En 1994, mon petit ami de l’époque m’a offert un Leica M6. J’ai un 90 mm et un 28 mm. Toutes les photos prisent aux Ardoisières ont été réalisés avec le Leica et le 28 mm. La dernière fois que le Leica m’a suivi, c’était en Inde et depuis il prend la poussière. Aujourd’hui, j’ai un EOS 60D Canon qui me suffit. J’utilise le 24/70 f2.8 pour les prises de vues culinaires et 2 torches Multiplitz de 1000W.

 

As-tu des projets ou des idées pour 2020 ?

Comme je suis gourmande, je souhaiterais proposer des stages de photographie culinaire et pourquoi pas y associer des cours de cuisine, photographier et déguster !

 

Le mot de la fin

Je pourrais dire le mot de la faim pour la gourmande que je suis et qu’il n’y a que des commencements vers de nouvelles aventures photographiques ! J’ai appris à poser mon appareil en Inde. Sur le bord du Gange à Vanarasi, les photos sont interdites pendant les crémations. Il m’arrive de plus en plus de poser mon appareil pour me remplir de l’instant sans le figer ! Je terminerais quand même par ce que l’on dit souvent de Guy Le Querrec : « il amène les stagiaires à accoucher d’eux-mêmes » et il y a une maxime de Guy Le Querrec qui m’a accompagné : « se frotter les yeux au papier de verre ! ».

 

© Christine Tourneux

 

Site web : chrisimage.jimdofree.com

 

Merci à Christine de nous avoir accordé de son temps pour cet interview !